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QVT et santé au travail dans les établissements hospitaliers

5 minute(s) de lecture | Published on 05/07/18

QVT et santé au travail dans les établissements hospitaliers

Avis d'expert issu de la parution "Hôpital & médico-social : qualité de vie au travail et santé des agents", Collection Risk management, Sham, 2018, cet article porte sur la qualité de vie au travail dans les établissements hospitaliers, thématique majeure de la prévention des risques dans le monde de la santé.

Des risques psychosociaux à la qualité de vie au travail

Un rapport de janvier 2018* du régime général d’assurance maladie portant sur les affections psychiques liées au travail apporte un éclairage sur l’évolution des risques psychosociaux (RPS) et des troubles psychosociaux (TPS) chez les salariés pris en charge au titre des accidents du travail (AT).

On note qu’en 2016 ils représentaient 3,2 % des accidents de travail, soit environ 20 000 cas. Entre 2011 et 2016, on constate une réduction globale de la sinistralité au travail tous motifs et secteurs confondus alors que la part liée aux TPS est en nette progression, passant de 1 à 1,6 %, avec un taux de reconnaissance de 70 % stable. Ainsi, la croissance des accidents de travail pour TPS est bien liée au plus grand nombre de leurs déclarations et non à une reconnaissance plus facilement accordée.

Bien que non inscrits au tableau des maladies professionnelles du régime général, les TPS peuvent être également reconnus comme maladie professionnelle, sous la double condition d’une  incapacité permanente partielle (IPP) prévisible de 25 % et du lien direct et essentiel avec le travail. Dans ce cadre, 596 de ces affections ont été reconnues comme professionnelles en 2016 pour 1 100 déclarées (contre 200 déclarées et 85 reconnues en 2012). Le taux de reconnaissance est de 50 %, majoritairement représenté par les dépressions.

Les éléments déclencheurs sont soit un facteur exogène bien identifié (choc, agression…), soit un mécanisme révélateur de conditions de travail difficiles. Les secteurs «médico-social» et  «activités de santé» concentrent à eux seuls 20 % des accidents et figurent parmi ceux présentant un fort taux d’arrêts de travail tous risques confondus.

Le lien avec la notion de « QVT » se fait tout naturellement. Son évaluation passe par des questionnaires reprenant les six thèmes conduisant à la survenue des TPS (Rapport Gollac). Intensité du travail et temps de travail, exigences émotionnelles, autonomie, qualité des rapports sociaux, conflit de valeurs et sécurité au travail sont ainsi appréciés du point de vue du salarié ou de l’agent au sein de son organisation.

Facteurs de risque

Les professionnels de santé sont exposés à deux facteurs de risque particuliers, la relation avec le public et une charge mentale importante. D’après la DREES, « La proportion de salariés ayant des rapports tendus avec le public (patients ou accompagnants, par exemple) a augmenté, en particulier pour les professionnels les plus exposés : les agents d’entretien (19 % en 2003, 32 % en 2013) les aides-soignants (43 % en 2003, 56 % en 2013) et les infirmiers et sages-femmes (54 % en 2003, 66 % en 2013) ».

La charge mentale tient dans l’application de consignes strictes  inhérentes au métier (hygiène, sécurité des patients, procédures qualité) et à la confrontation à la souffrance humaine, qui nécessitent des compétences et des qualités, où la formation a une place importante.

Les résultats de l’enquête sur la QVT présentés dans l'étude "Hôpital & médico-social : qualité de vie au travail et santé des agents", apportent un éclairage complémentaire concordant avec le sentiment général d’un ressenti plutôt négatif sur l’évolution des conditions de travail. Il est bien entendu que des variations sensibles seraient observées à l’échelle d’un service selon qu’il est ou pas acteur de soins ou encore théâtre de transformations.

Âge et exposition aux risques organisationnels

Il apparaît que les agents ayant une plus grande ancienneté sont plus sensibles aux conditions de travail. La pyramide des âges étant ce qu’elle est, nous trouvons de prime abord une corrélation « naturelle » entre la tranche d’âge et l’absentéisme. Six agents sur dix font le lien entre leur activité et leur état de santé sans que l’on puisse pour autant affirmer que le travail soit à l’origine de leur pathologie ou s‘il vient aggraver un état existant. L’interaction avec la sphère privée est souvent évoquée.

Par contre, les troubles ressentis apparaîssent dès cinq années d’ancienneté, ce qui, à l’échelle d’une carrière, est précoce et apporte surtout un regard différent sur l’idée que l’absentéisme serait fortement lié au vieillissement. L’hypothèse que les conditions de travail commencent à toucher les plus jeunes autant que les anciens est un facteur nouveau qui doit interpeler sur une organisation qui transforme la façon de travailler alors que la nature et l’objectif du travail n’ont pas forcément changé.

Autres indices, les incidences physiques et psychiques sont significatives, avec respectivement 60 % et 50 % des agents concernés. 20 % des agents déclarent avoir eu au moins un arrêt dans les six mois du fait du travail. Ceci semble confirmer qu’une proportion non négligeable des arrêts en maladie peut être en lien avec le travail mais non déclarés. Il se constitue ainsi un réservoir de futurs accidents de travail qui pourront être cette fois déclarés si des dysfonctionnements perdurent ou apparaîssent. Nous pouvons y voir une explication complémentaire au nombre croissant des accidents de travail d’année en année, non observé chez les salariés de même activité. L’absence prolongée du travail favorise en outre le risque d’exclusion socio-professionnelle et auto-alimente la gravité, un cercle peu vertueux difficile à corriger.

Si les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont la première cause d’arrêt, il faut rappeler qu’ils sont fréquemment intriqués aux TPS. Leur pérennisation tient souvent à une « complication »  psychologique elle-même en lien avec des conditions de travail que l’agent est peu motivé à retrouver alors que son état physique le permettrait. Il est classique aussi que la souffrance physique traduise une souffrance psychologique, la seconde favorisant l’émergence de la première.

D’ailleurs l’enquête "Hôpital & médico-social : qualité de vie au travail et santé des agents" révèle qu’un agent sur deux est concerné par la tension en équipe et/ou avec le public, et que deux sur trois disent subir des pressions psychologiques. Sept agents sur dix exposés se disent cependant capables d’y faire face. Si la question individuelle joue fortement, l’agent peut faire plus facilement face aux contraintes s’il travaille au sein d’une équipe solidaire qui le soutient. C’est encore mieux si le management y participe. Les notions de travail en équipe et d’ambiance déterminent en grande partie la qualité de vie au travail et il s’avère que ces items sont les mieux notés de cette enquête sur la QVT. C’est également valable pour l’accueil de l’agent à son retour d’une absence pour raison de maladie.

La définition reprise par l’ANI du 19 juin 2013 indique : « La Qualité de Vie au Travail désigne et regroupe sous un même intitulé les actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale des entreprises, d’autant plus quand leurs organisations se transforment ». Cette définition n’envisage pas que la QVT ait pour  objectif la préservation de la santé des salariés. Les enseignements tirés de cette approche, combinés à l’analyse de l’absentéisme et de l’accidentologie au travail, sont pourtant une source de réflexions et d’actions propices au rapprochement des concepts de l’organisation et de la prévention, qui sont encore trop cloisonnés.

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