Réforme de l’assurance chômage
Le projet de loi portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi a été adopté par le Sénat le 17 novembre 2022.
Ce projet de loi intervient dans la prolongation du décret du 26 juillet 2019, fixant les nouvelles règles de l’assurance chômage et applicable jusqu’au 1er novembre 2022. Cette réforme de 2019 a fait l’objet de plusieurs reports liés à la crise sanitaire et est entrée pleinement en vigueur en octobre 2021.
Le projet de loi relatif au fonctionnement du marché du travail autorise le gouvernement à prolonger les règles actuelles, issues de la réforme de 2019, jusqu’au 31 décembre 2023. Il permet également au gouvernement d’intégrer par décret de nouvelles dispositions visant à moduler la durée d'indemnisation en fonction de l'état du marché du travail.
L’article 1 du projet de loi permet, à titre temporaire, au Gouvernement de définir les règles d’indemnisation et de gestion du régime d’assurance chômage. Cette compétence est attribuée historiquement aux partenaires sociaux.
Par dérogation, un décret en Conseil d’État déterminera les règles d’indemnisation de l’assurance chômage à compter du 1er novembre 2022 et jusqu’au 31 décembre 2023. À l’issue de cette période, les partenaires sociaux devront négocier les règles à appliquer, en prenant en compte la conjoncture économique.
S’agissant des nouvelles règles d’indemnisation de l’assurance chômage, le gouvernement a introduit un mécanisme de modulation de la durée d’indemnisation en fonction de la situation du marché du travail : il s’agit du principe de « contracyclicité ».
Actuellement, la durée d’indemnisation varie suivant le nombre de jour travaillé : un jour travaillé ouvre droit à un jour indemnisé, dans la limite d’un plafond fixé en fonction de l’âge.
À compter de 1er février 2023, la durée d'indemnisation pourra être réduite, selon la situation du marché du travail, déterminée à l’aide de deux indicateurs.
En cas de situation économique « favorable », c’est-à-dire si le taux de chômage est inférieur à 9% ou s’il est en dessous du seuil fixé durant trois trimestres consécutifs, la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi sera réduite de 0.75 (soit 25%).
En revanche, si le taux de chômage est supérieur à 9% ou s'il progresse de 0,8 point en un trimestre, la durée d’indemnisation sera maintenue à son niveau actuel.
Le projet de loi relatif au marché du travail prévoit toutefois une durée minimale d’indemnisation de 6 mois. Par ailleurs, certaines catégories de demandeurs d’emploi seront exclues de cette réforme. Sont notamment visés les intermittents du spectacle ou les demandeurs situés dans les départements ou territoires d’outre-mer.
S’agissant des agents de la fonction publique, les employeurs public sont tenus de les assurer contre le risque de chômage, conformément à l’article L.5424-1 du code du travail. Les employeurs publics assurent eux-mêmes le versement de l’allocation chômage, en auto-assurance, ou concluent une convention de gestion avec Pôle emploi, afin de lui confier la gestion pour leur compte les dossiers des anciens agents non titulaires.
En tout état de cause, les agents publics bénéficient d’une allocation d’assurance dans les mêmes conditions que les salariés de droit privé. Dès lors, les employeurs publics devront se conformer aux nouvelles règles d’indemnisation de l’assurance chômage.
Le projet de loi portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein-emploi est actuellement examiné par le Conseil constitutionnel. Par la suite, un décret en Conseil d’État devrait être publié afin d’encadrer ce principe de modulation de la durée d’indemnisation de l’assurance chômage.