Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023 (PLFSS)
Présenté annuellement par le Gouvernement en automne, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) vise à maîtriser les dépenses sociales et de santé. En fixant les objectifs de dépenses en fonction des prévisions de recettes, le PLFSS détermine les conditions nécessaires à l’équilibre financier de la Sécurité sociale.
S’agissant de l’Assurance maladie, le PLFSS pour 2023 présente des mesures visant à encadrer et à prévoir les dépenses en fixant un objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam). Cet objectif a été fixé à 244,1 milliards d’euros, en augmentation de 3,7% par rapport à 2022. Cette évolution importante tient notamment compte de l'inflation ainsi que du financement des revalorisations salariales dans la fonction publique hospitalière. Par ailleurs, l’Ondam prévoit des mesures de redressement des comptes avec une réduction du déficit de 17,8 milliards d’euros à 6,8 milliards d’euros entre 2022 et 2023.
Toutefois, les rapports de la Cour des comptes et du Haut conseil aux finances publiques sur le PLFSS 2023 jugent ces perspectives « trop optimistes » et prévoient un dépassement des objectifs de dépenses. La Cour des comptes considère, notamment, que le projet de loi sous-estime l’impact de la crise sanitaire sur les dépenses de santé. En effet, le Gouvernement prévoit une réduction des dépenses liées à l’épidémie. Cependant, le PLFSS prévoit une prolongation desarrêts maladie dérogatoire liée à la Covid-19 jusqu'au 31 décembre 2023.
De manière concrète, le PLFSS 2023 prévoit notamment des mesures visant à transférer certaines prises en charge aux organismes complémentaires, développer le volet de la prévention, favoriser l’accès aux soins, renforcer le rôle de l’employeur en matière de subrogation ainsi que poursuivre la lutte contre la fraude sociale.
Tout d’abord, le texte envisage d’associer davantage les organismes complémentaires dans la prise en charge des dépenses de santé notamment au travers d’un transfert financier de 150 millions d’euros (300 millions d’euros en année pleine). Dans ce cadre, le Gouvernement a instauré le Comité de dialogue avec les organismes complémentaires (CDOC) afin d’échanger, notamment, sur les modalités du transfert financier.
Au titre de la prévention, le Gouvernement a proposé d’introduire des consultations aux âges clés de la vie (25, 45 et 65 ans) visant à prévenir et dépister les pathologies se manifestant à travers l’âge (cancers, maladies cardio-vasculaires). Le texte porte également une attention particulière à la santé mentale. Ces mesures seront intégralement prises en charge par l’Assurance maladie.
Sur l’accès aux soins, le PLFSS vise à faciliter le recours aux transports sanitaires urgents, en exonérant de participation les assurés sur les frais de transports préhospitaliers. Ces frais seront désormais intégralement pris en charge par l’Assurance maladie.
Au niveau des entreprises, le PLFSS prévoit d’étendre la subrogation de l’employeur du secteur privé aux indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS) versées en cas de congés maternité ou paternité. A cet effet, l’employeur versera directement au salarié le montant de ses IJSS pour le compte de l’Assurance maladie. L’entrée en vigueur de la mesure (entre 2023 et 2025) sera échelonnée dans le temps afin de s’adapter à la taille des entreprises et de faciliter une appropriation progressive de ce mécanisme.
Enfin, s’agissant de l’approfondissement la lutte contre la fraude sociale, le texte propose, entre autres, de limiter les arrêts de travail prescrits dans le cadre d’une téléconsultation. Concrètement, les arrêts de travail prescrits à l’occasion d’une téléconsultation ne donneraient lieu à indemnité journalière que si l’incapacité physique a été constatée par le médecin traitant ou par un médecin ayant déjà reçu l’intéressé en consultation depuis moins d’un an. Cette mesure pourrait être mise en place dès le 1er juin 2023.
En parallèle du vote du PLFSS pour 2023, il est important de noter que la commission des comptes de la Sécurité sociale, dans son rapport sur les comptes de la Sécurité sociale publié le 27 septembre 2022, préconise une augmentation du Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS) de +6,9 %. Ainsi, au 1er janvier 2023, le PASS pourrait passer de 41 136 € à
43 986 €. Quant au plafond mensuel de la sécurité sociale, il passerait de 3 428 € à 3 665,50 € en 2023.